Inoubliables The Cure à Bercy | 28.11.2022

The Cure @ Paris, Accor Hôtel Arena 2022

On a déjà tout dit sur The Cure.

Pas assez, cependant, car ça n’empêche pas d’être chaque fois surpris par l’attention sincère que Robert Smith porte à la communauté qui les suit depuis tant et tant d’années. Ainsi, à son entrée sur scène, prend-il tout son temps pour s’approcher du mieux possible de tous, qu’ils soient en fosse ou en gradin, à gauche ou à droite de la scène, proches ou au fond de la salle, donnant l’impression d’avoir un geste pour chacun.

The Cure @ Paris, Accor Hôtel Arena 2022

Tout comme lui, la musique qui l’accompagne ne se précipite pas pour démarrer, avec Alone (de l’album à paraître) dont l’intro s’étire en longueur. Je m’amuse intérieurement du contraste avec les chansons formatées, dont on attend le refrain avant la 1ère minute. Le décor est posé d’emblée : les Cure sont et demeurent en dehors de toute norme.

The Cure @ Paris, Accor Hôtel Arena 2022

La première partie du concert reste dans cet esprit, avec des rythmes plutôt lents, dont le nouveau « And Nothing Is Forever », très beau, à la fois triste et rempli d’une reconnaissance infinie, invitant à prendre la mesure de ce que l’on a avant qu’il ne disparaisse. On n’oublie pas que Robert Smith a récemment perdu sa mère, son père, et son frère, ni sa relation longue durée avec sa femme, rencontrée lorsqu’ils avaient 14 ans (« I know that my world has grown old […]/ It really doesn’t matter / If you promise you’ll be with me in the end » ; déchirant). Alors qu’il s’entoure de ses bras en chantant « When you wrap your arms around me » de sa voix poignante, on se sent enveloppé dans son geste protecteur et bienveillant, aspiré avec lui dans sa bulle. Pierrot lunaire grimé, grotesque et magnifique, il est léger au delà des apparences, et nous envole sur ses ailes. Pensez ce que vous voulez, mais pour moi cet homme est un ange, d’une douceur infinie.

Robert Smith est habité. Avec lui les apparences n’existent plus, seule compte la beauté qui vient de l’âme, l’essentiel invisible pour les yeux. Sa lumière intérieure irradie tout autour de lui ; quand on a la chance de tomber dans ses yeux, on se souvient qu’il est beau.

Je ne citerai pas tous les morceaux, mais l’enchainement introspectif Charlotte Sometimes (toujours très émouvant) avec The Figurehead puis Strange Day (sa géniale phrase de guitare, l’océan de couleurs qui se mélangent), hypnotise.

Tour à tour déprimée ou onirique, la musique des Cure nous saisit et nous évade complètement.

Après 25 minutes de titres plus rythmés (dont Play For Today et ses éternels « chants de stade »), c’est le retour à des morceaux plus lourds, portés par des atmosphères visuelles planantes, de toute beauté. From The Edge of the Deep Green Sea reste l’un des morceaux préférés de Wish, rythmé par le piano et une guitare fiévreuse.

Mais ce sera Endsong, le bien nommé, qui clôturera cette première partie du concert, affirmant une fois de plus la place prépondérante des instruments et l’importance du « joué ensemble » (6 minutes de pure musique avant le démarrage du chant !), sous le regard d’une lune rouge à la fois inquiétante et fascinante.

En fait, c’est un voyage permanent auquel le groupe nous convie.

The Cure @ Paris, Accor Hôtel Arena 2022

La demie de vingt-deux heures sonne la pause, le temps de scotcher une nouvelle setlist, annonciatrice des traditionnels rappels. Avec les infos glanées lors des concerts précédents, on sait qu’on n’aura pas les 3 heures 33 ni les 42 titres de 2008 (record absolu), mais que nos 2 heures 40, tout de même – et comme en 2016, avec le clavier ! – seront déjà un beau cadeau. Qui joue aussi longtemps ?

The Cure @ Paris, Accor Hôtel Arena 2022

Dans le public, les lampes des téléphones portables s’allument pour célébrer le retour des Cure sur la scène. C’est le moment pour Robert Smith de dire quelques mots (dont « Merci c’est joli », en français) et d’entamer cette 2ème partie du concert : « This is for my brother, it’s called I Could Never Say Goodbye ». C’est mon autre upercut de la soirée, extrait lui aussi du futur album, qui s’annonce tristement excellent (n’écrit-on pas le mieux lorsqu’on souffre le plus ?).

Une fois encore, la place belle est laissée à une longue intro (2 minutes), à cette voix exceptionnelle et intacte, cette voix qui bouleverserait les plus endurcis, empreinte d’une émotion parfaitement dosée, jamais sur jouée, immanquablement juste. Une voix qui résonne forcément en tous ceux qui ont perdu un proche. Et comme nous sommes nombreux ce soir, à Bercy, à pleurer avec la guitare, à nous laisser caresser par la tendresse extrême du piano…

Dans cette communauté d’émotion, après Faith et son église éventrée qui suspend le temps (« I went away alone / With nothing left / But Faith »), A Forest arrive à point nommé pour nous rassembler à nouveau. Nous sommes les arbres, unis : les membres du groupes avec leurs guitares, plus complices que jamais ; nous dans ce chant et ces claps ; ensemble, nous sommes la forêt (« Again and Again and Again and Again and Again ! »). Quel moment génial du set (on y repense depuis 2008, vraiment).

The Cure @ Paris, Accor Hôtel Arena 2022

Ovation, et cette fois c’est vraiment la dernière partie. Plus commerciale, elle plaira moins aux amoureux de Pornography. Friday I’m in Love, Close to Me et bien d’autres, avec Boys Don’t Cry en guise de point final (« lalalala lalalala »), ce sont pourtant ces titres qui me les ont fait connaître et leur ont permis de durer. Et c’est Lullaby qui révèle chaque fois un Robert Smith dansant et facétieux, comme libéré ; un petit miracle. Comment ne pas les aimer au moins un peu ?

The Cure @ Paris, Accor Hôtel Arena 2022

Tandis que Robert revient pour la toute dernière fois saluer longuement (« See you again ! Thank You ! »), on repense aussi à tous les fidèles que l’on a croisé ce soir : Sand, Sarah et Rose, Marie-Hélène et Jean-Louis, Mauro et William (merci pour les photos, merci pour les badges !), Fanfan et Counot, Élégie et ses « chouchous ». On sait qu’on en a manqué tant d’autres…

Un certain « Cafard Naüm » sur Youtube, résumera parfaitement l’ensemble : « Un groupe qui sait encore ce que veut dire un concert. Une set lit qui change tous les soirs et idem pour l’ordre des morceaux. Pas un de ces show millimétrés et sans âme ou c’est tous les soirs la même chose. Des morceaux de plus de 40 ans. Une voix intacte. Le mal-être de l’époque qu’on ressent toujours sur ses chef-d’œuvre de noirceur. Et la joie enfantine sur d’autres. L’émotion et la perfection depuis plus de 40 ans. Merci Robert ».

Merci The Cure. Vivement l’album !

The Cure @ Paris, Accor Hôtel Arena 2022

Setlist : Alone / Pictures of You / A Night Like This / Lovesong / And Nothing Is Forever / The Last Day of Summer / Want / A Fragile Thing / Burn / At night / Charlotte Sometimes / The Figurehead / A Strange Day / Push / Play For Today / Shake Dog Shake / From The Edge of the Deep Green Sea / Endsong

Encore 1 : I Can Never Say Goodbye / Faith / A Forest

Encore 2 : Lullaby / The Walk / Friday I’m in Love / Close to Me / In Between Days / Just Like Heaven / Boys Don’t Cry

Photos et vidéo (c) Isatagada

Pour voir toutes mes photos du concert, c’est sur mon Flick’r

Ma playlist vidéo du concert est disponible sur ma chaine Youtube (abonnez-vous !)

Pour relire les live report des concerts précédents du groupe à Bercy c’est ICI pour 2008 et LA pour 2016

Il ne sera pas dit que je vous laisserai sans vous vendre un peu de The Twilight Sad, qui assuraient la première partie des Cure, et sur lesquels j’ai déjà écrit quelques articles ( https://isatagada.wordpress.com/?s=Twilight+sad&submit=Recherche )

3 réflexions sur “Inoubliables The Cure à Bercy | 28.11.2022

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