François & The Atlas Mountains @ La Boule Noire 2011

François & The Atlas Moutains @ La Boule Noire, Festival Inrocks Black XS 2011, le 6 novembre 2011

Autant l’avouer : si on peut apprécier à différents degrés les concerts de nos salles parisiennes, on finit par voir toujours un peu la même chose, y compris en festival. A faire le compte et se demander qui aura su nous bousculer dans nos sacro-saintes petites habitudes ces dix dernières années, qui nous aura fait hésiter, qui nous aura intrigué, nous aura donné la sensation d’une prise de risque, aura séché nos pauvres tentatives de comparaison avec le groupe x ou y, nous aura fait douter de nos si belles certitudes, on se retrouvera sans doute relativement pauvre à l’heure du bilan (car – bémol important -, tout reste relatif, ne l’oublions pas).François & The Atlas Moutains @ La Boule Noire, Festival Inrocks Black XS 2011, le 6 novembre 2011

«La chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres vu tous vos lives* », se lamente parfois l’âme musicale en manque de sensations capables de rallumer la petite flamme qui sommeille en elle.

Aussi, en ce dimanche soir de Novembre, lorsque François affirme au public de la Boule Noire : « Si vous voulez savoir pourquoi y’a eu un buzz sur Fránçois & The Atlas Mountains, c’est simplement à cause de ça » avant d’entamer une chorégraphie qui fait s’élever des hourras dans l’assistance, il est certes un peu dans le vrai, mais bien trop modeste à la fois.

Car son projet est bien plus que « simplement […] ça », et en concert, il est encore davantage.

 

François & The Atlas Moutains @ La Boule Noire, Festival Inrocks Black XS 2011, le 6 novembre 2011Bien sûr, il faudra peut être mettre de côté ses préjugés pour commencer, tant ces quatre là se sont affranchis de tous les codes qui contraignent d’ordinaire mais nous sont familiers, aussi. Sans autre ligne directrice que celle d’une liberté artistique sans bornes, les Fránçois & The Atlas Mountains prouvent que rien ne peut se mettre en travers de leurs envies. Ni le mélange des langues, ni celui des styles, ni les instruments parfois créés de toute pièce, ni les positions scéniques, ni même les versions des chansons réarrangées au gré de leurs envies, rien ne les arrête.

François & The Atlas Moutains @ La Boule Noire, Festival Inrocks Black XS 2011, le 6 novembre 2011

Les mots disent enfin sans retenue ce que l’esprit ose penser : que nous pourrions tous être Les plus beaux, qu’il faut savoir rêver, que la poésie ou les contes évadent, que l’amour fait du bien – et peut importe l’idiome.

Le corps danse sans se préoccuper du jugement d’autrui, revenu au temps où les conventions n’existaient pas, où l’on pouvait coller son visage dans le creux d’une épaule (démonstration sur scène avec François et Amaury sur Slow Love), où le mouvement de chaque membre était ample, entier, décomplexé (géniales danses africaines de bout en bout).

La musique n’est pas figée, pas une seule seconde. Déjà, l’album de Fránçois & The Atlas Mountains mélangeait pop, groove et sonorités africaines, jazz. Mais le live va plus loin encore. Une version disque est continuellement réarrangée (bluffantes et fantastiques, la visite électro au « so jazzy » Slow Love, ou la surprise carrément techno du final de La Piscine) et aucun concert n’est semblable à un autre, pour des instants qu’il faut saisir pour ce que chacun a d’unique, de magique.

Tout bouge, tout change ; rien n’est définitif, la musique doit couler comme une matière organique, qui évolue, grandit, se transforme, suit son cours. Les instruments, comme les places sur scène, rien n’est « attitré », tout peut changer (excellent transfert d’un clavier à l’autre entre Gérard et Pierre sur Way To The Forest). La musique est comme la vie.

François & The Atlas Moutains @ La Boule Noire, Festival Inrocks Black XS 2011, le 6 novembre 2011Et que dire des harmonies vocales, que l’on se surprend à goûter chaque fois un peu plus ? Il y a François, oui, mais ensuite on découvre la magnifique voix de Gérard, pour se rendre compte que Pierre prend aussi sa part dans des chœurs, et puis ah ! mais Amaury aussi, tiens, pieds nus derrière ses percussions, n’est pas en reste.

François & The Atlas Moutains @ La Boule Noire, Festival Inrocks Black XS 2011, le 6 novembre 2011Tout concourt pour revenir à des valeurs simples, ancestrales. L’amitié, les bons moments à partager ensemble, les sourires (beaucoup sont échangés chaque soir), le remerciement qui enrichit (au FAIR, à qui le groupe dit devoir beaucoup), le bonheur possible, l’énergie de la communauté qui nourrit, cette sorte de lumière qui vient de l’intérieur et qu’il suffit d’un rien pour faire grandir encore, jusqu’à ce qu’elle irradie en dehors. 

Une naïveté, oui. Assumée. Revendiquée. Qui fait souffler un vent de fraîcheur inédit. Qui fait du bien.

François & The Atlas Moutains @ La Boule Noire, Festival Inrocks Black XS 2011, le 6 novembre 2011

Fránçois & The Atlas Mountains ne fait pas seulement de belles chansons qui font danser sur des chorés amusantes, non. Fránçois & The Atlas Mountains comble un vide.

Et pour cela, on les aime à jamais, croisant fort les doigts pour que rien ne les abîme…

Oh ! pour un peu j’aurais presque oublié : en plus ils sont très beaux.

 

* Mallarmé me pardonnera cette légère digression, là où il est il s’en fout de toute façon

 

Set list :

 

Une version courte de cet article, avec les photos de Mauro Melis et le clip de La Piscine est disponible sur LE TRANSISTOR, avec qui ce concert était ma première collaboration (merci Agnès !)

Toutes les photos et vidéos live (c) Isatagada ICI et LA

 

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